Le Sillon de Talbert est la forme résiduelle d’un grand cordon minéral formé progressivement avec la remontée du niveau de la mer depuis moins de 20 000 ans. Cette plage de sable, de graviers et de galets, s’étirant vers le large et présentant une extrémité libre, est d’une longueur unique en France et rare en Europe. De par sa taille, sa grande mobilité et sa structure originale, le Sillon de Talbert est considéré comme un sujet géomorphologique d’intérêt international.
Chiffres clés
Surface : 205 hectares
Longueur : 3,2 km
Hauteur : entre 10 et 15 mètres
Volume : 1,3 millions de m2
Nombre d’espèces inventoriées : 560
Une curiosité naturelle unique
A la moitié du 18ème siècle, dans un contexte de pénurie sédimentaire et d’élévation du niveau marin, une brèche s’est creusée sur ce cordon primitif faisant évoluer le cordon barrière vers une forme de flèche littorale à pointe libre et le séparant de l’archipel d’Ollone auquel il était rattaché.
Naturellement mobile, le cordon se déplace depuis sa formation vers le sud-est, à une vitesse estimée de 2 mètres par an en moyenne. Jusqu’aux années 1950, le Sillon a reculé tout en conservant sa forme générale, avant d’adopter une forme en « faucille » qui ne cesse de s’accentuer et préfigurant l’apparition d’une seconde brèche. C’est en mars 2018, qu’elle s’est effectivement formée à 500 mètres du rivage, coupant l’accès au Sillon selon les marées en formant un fossé de plusieurs mètres de large et jusqu’à 3 mètres de profondeur.
Au 19ème siècle et au 20ème siècle, le Sillon de Talbert a fait l’objet d’usages et d’aménagements incompatibles avec la préservation du site (ramassage de galets, circulation motorisée importante et renforcement artificiel). Conscient de sa valeur et sa fragilité, la commune de Pleubian a demandé l’affectation de ce domaine public maritime au Conservatoire du Littoral en 1994. Dès lors, l’établissement a engagé de grands travaux de restauration en 2004, confié la gestion du site à la ville de Pleubian en 2005 et obtenu son classement Réserve Naturelle Régionale un an plus tard. Cela a également permis de faire reconnaitre son caractère naturel, sensible et protégé, par ailleurs inclus dans le périmètre du site Natura 2000 Trégor-Goëlo.
Un patrimoine biologique exceptionnel
Le site naturel du Sillon de Talbert abrite également une biodiversité remarquable. On y dénombre 11 habitats naturels d’intérêt européen regroupant plus de 100 espèces végétales dont 3 sont protégées au niveau régional (la Rénouée de Ray, le Chardon bleu et le Chou marin). Reconnu depuis longtemps pour sa richesse ornithologique, le site est d’importance nationale pour la nidification, l’hivernage et la migration de certaines espèces comme le Grand gravelot, la Sterne naine ou encore le Pipit farlouse. Depuis 2006, plus de 120 espèces d’oiseaux y ont été observées, soit près de 40% des espèces recensées sur le département des Cotes d’Armor.
Les débris d’origine naturelle (algues, restes d’animaux, bois mort…) laissés par la mer à chaque marée jouent un rôle essentiel sur le Sillon. Ils constituent un micro-habitat pour les bactéries et les petits invertébrés qui y trouvent la nourriture, l’ombrage et l’humidité nécessaire à leur développement. En décomposant la laisse de mer, ces organismes libèrent une quantité de nutriments favorisant l’installation et le maintien de la végétation de la dune et de la levée de galets. La laisse de mer est aussi le siège d’un réseau trophique majeur sur le cordon. Les insectes et crustacés qui évoluent dans ces débris sont particulièrement prisés des micro-mammifères tels que le Crodicule musette et les oiseaux, eux-mêmes prédatés par les macro-mammifères et les rapaces qui fréquentent le site.
De nombreux limicoles sont observés sur la réserve durant la période hivernale. Ces petits échassiers sondent frénétiquement la vase ou le sable à la recherche d’invertébrés. L’hiver signe également le retour de certains anatidés sur le site comme la Bernache cravant qui pâtures herbiers et algues vertes ou le Harle huppé qui pêche le long de la flèche à marée haute et pour qui la réserve est d’importance. A la montée vers leur zone de nidification ou à la descente vers leur zone d’hivernage, de nombreuses espèces migratrices font halte sur le cordon pour se nourrir et se reposer avant de reprendre la route. En effet, certains individus ne sont que de passage.
SOURCE : CONSERVATOIRE DU LITTORAL / LA MAISON DU SILLON
A lire également
02 Déc Permaculture
25 Nov Station des Rousses
18 Nov Forêts jurassiennes